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Diffusion des médicaments génériques : La France à la traîne

Mardi, 20 Janvier, 2015 - 17:00

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Si la Cour des Comptes a dressé en septembre 2014 un bilan mitigé sur la diffusion des médicaments génériques en France, l’année 2015 devrait marquer un tournant pour ce marché.

En effet, l’adoption de mesures applicables depuis le 1er janvier, comme l’obligation de prescrire en DCI, l’élargissement du répertoire des génériques et la perspective de pertes de brevets dans de nombreux domaines thérapeutiques vont contribuer à booster ces nouvelles formes de médicaments.

Etat des lieux.

En France, moins d’une boîte remboursable sur trois est générique alors que dans d’autres pays européens comme l’Allemagne et le Royaume-Uni, ce sont plus de trois boîtes sur quatre vendues qui concernent des génériques. Aux Etats-Unis, 89 % des médicaments sont génériques. Avec seulement 24 % de génériques remboursés, notre pays a donc une marge de progression très importante.  En 10 ans, le nombre de boîtes de génériques vendues a été multiplié par trois passant de 225 millions en 2002 à 689 millions en 2012. Le taux de substitution qui s’élevait à 35 % en 2002 est aujourd’hui à 85 %. Un grand effort des pharmaciens qui peinent encore à convaincre les patients de l’utilité ou de la fiabilité des génériques.

Effectivement si les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments, ils refusent encore de choisir les moins chers, comme les génériques, de 40 à 60 % moins onéreux que les produits de marque, les princeps. Peu soucieux de combler le trou de la sécurité sociale alors que depuis l’an 2000, les économies réalisées grâce à la substitution par des médicaments génériques ont permis d’économiser 15,5 milliards d’euros.

Selon le Gemme, rien qu’en 2013, ce sont 2,4 milliards d’euros qui ont été économisés grâce à la substitution.

Le rapport de la Cour des comptes montre du doigt une « politique peu ambitieuse, des résultats trop modestes » en matière de génériques. Définie à la fin des années 1990, cette politique s’est appuyée sur une définition limitée du générique et un répertoire restrictif reposant sur la substitution par le pharmacien sans impliquer les médecins. Modèle radicalement opposé à celui de nos voisins européens qui autorisent la substitution sans se fonder sur un répertoire des groupes génériques et qui ont incité, par diverses mesures, voire sanctions, les médecins à prescrire.

Ce rapport de septembre 2014 préconise certaines recommandations : l’implication de l’ensemble des acteurs de santé en les responsabilisant sur le volume et coût de prescription au regard des économies réalisables, la suppression à terme du répertoire, la révision de la rémunération des pharmaciens sur des objectifs de santé publique liée aux génériques, la conclusion des accords prix volume avec les producteurs de génériques la communication vers les assurés sociaux.

Perspectives à l’horizon 2017

Plusieurs mesures ont été adoptées dans le PLFSS 2015 qui prévoit 435 millions d’économie grâce la promotion des médicaments génériques. A partir du 1er janvier 2015, voici ce qui change :

Le périmètre du répertoire des génériques est élargi « aux médicaments dont la substance active est d'origine végétale ou minérale ainsi qu'aux médicaments inhalés ». Une avancée certes, mais pas suffisante lorsque l’on constate que des médicaments qui pourraient être substituables ne figurent pas au répertoire. D’après les données du Comité économique des produits de santé (CEPS) les médicaments qui ne sont pas inscrits au répertoire et non protégés par des brevets représenteraient plus de 47 % du volume des médicaments de ville remboursables et près de 22 % de leur valeur.

La prescription en DCI (dénomination commune internationale) devient obligatoire pour les médecins. Cette décision vise à renforcer la sécurité sanitaire du médicament et des produits de santé publique. L’idée est de conduire prescripteurs et consommateurs à ne plus se référer « à une vision commerciale d’un médicament pour se concentrer sur ses seuls fondements : l’intérêt du malade et le choix du meilleur rapport bénéfices-risques » souligne la Mutualité Française qui s’engage depuis longtemps pour la promotion de l’utilisation de la DCI par tous. Actuellement, le taux de prescription en DCI en France est de 14,1 % tous médecins libéraux confondus, 15,4 % des généralistes prescrivent en DCI et seulement 7, 7 % des spécialistes.

Si la mesure est bonne elle, elle ne prévoit pas pour autant de sanction pour les médecins réfractaires au système. Le répertoire Vidal propose une base de données de 11 000 références qui correspondent à environ 6 500 noms de marques différents alors que la pharmacopée utilisée dans l’Hexagone ne compte que 1 700 dénominations communes internationales.

Impact des pertes de brevet

Si l’impact des chutes de brevet dans le domaine public d’ici 2017 devrait être nettement moins important qu’auparavant, il offre de nombreuses possibilités de nouveaux lancements de pour les génériqueurs.  Celui-ci a généré en 2012 et 2013 des économies à hauteur de quatre et cinq milliards d’euros alors que les perspectives 2014-2016 affichent seulement un milliard d’euros.

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