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Événement

L'INTERVIEW DU MOIS : Christophe Pierrat, CEO de INEON BIOTECH

Vers plus de sécurité à la paillasse

La traçabilité et la sécurité des opérations s’accélèrent au sein des laboratoires de recherche. Des innovations mises au point par la société INEON BIOTECH qui développe des outils pour faciliter l’inventaire des produits chimiques, renforcer la sécurité des manipulations et accélérer l’accès aux informations de sécurité. Quels sont ces nouveaux outils qui simplifient la vie des chercheurs ? Christophe Pierrat, CEO de INEON BIOTECH dévoile ses solutions et ses ambitions pour améliorer le quotidien des chercheurs.

 

Quelle solution concrète proposez-vous aujourd’hui ?

- Christophe Pierrat : « Depuis 5 ans, INEON BIOTECH propose aux laboratoires de recherche des outils pensés et développés par des chercheurs. Aujourd’hui nous répondons à leurs besoins en créant les conditions optimales leur permettant de mener leurs travaux dans les meilleures conditions. Les niveaux de sécurité dans un laboratoire ont pas mal évolué. Il y a 20 ans on fumait et on prenait le café en salle d’expérimentation dans les laboratoires de recherche, il y a 15 ans on manipulait l’acide chlorhydrique en cours de chimie sans précaution. Plus rien de cela n’est réaliste aujourd’hui. L’évolution de ces comportements est récente et nous gardons tous en mémoire Marie Curie qui est finalement décédée des conséquences de ses expositions au radium. L’explosion de l’usine AZF a aussi marqué un tournant puisque cet accident sans précédent a fait comprendre à tous que les exigences de sécurité sur les lieux de recherche devaient radicalement évoluer. Notre premier objectif était donc de proposer aux chercheurs une solution pratique et interactive pour faciliter le respect de toutes les indispensables contraintes de sécurité. Cela prend aujourd’hui la forme d’une suite logicielle « INEON Suite » accessible via une tablette sur laquelle on s’identifie grâce à un bracelet ou à son badge professionnel et qui permet de tracer sans contact la localisation des produits, leur accès, leur quantité en stock, mais aussi dans une future version cela permettra d’alerter sur les niveaux d’exposition. »

 

Quelle est votre priorité ?

- C.P : « Avec INEON Suite, les fiches de données de sécurité communiquées par les fournisseurs de chaque produit chimique sont directement accessibles sur la tablette. Sans sortir du laboratoire, notre logiciel permet d’accéder rapidement aux fiches de sécurité auparavant regroupées dans des classeurs rangés ici ou là. Un jeune doctorant peut donc facilement en prendre connaissance avant d’utiliser un produit et s’équiper des Équipements de Protection individuelle nécessaires à toute manipulation de celui-ci. Cela permet d’écarter le risque, mais aussi d’avoir les bons réflexes en cas d’exposition. C’est une préoccupation majeure, pour que les chercheurs ne se mettent plus en danger. De plus, il était temps de regarder plus en détail comment on stocke les produits chimiques potentiellement dangereux. Tout cela est en train de changer et nos innovations aident les laboratoires en ce sens. INEON BIOTECH y contribue déjà aujourd’hui et c’est finalement un axe de développement majeur dans les futures versions logiciels sur lesquelles nous travaillons. Aujourd’hui notre solution INEON Suite est déjà déployée sur 5 sites et plus de 300 chercheurs en bénéficient. »

 

Comment facilitez-vous le quotidien des chercheurs ?

- C.P : « Notre logiciel est compatible avec les systèmes informatiques déjà utilisés pour mener les expériences dans les laboratoires. Notre solution peut s’adosser aux différents LIMS généralement déjà présents dans les laboratoires. Certaines solutions existent sur les fiches de sécurité, des systèmes experts de la gestion de stocks. D’autres éditeurs ont fait un travail sur la partie reporting et gestion de projets et des budgets. Nous faisons l’alliance de toutes ces solutions et notre logiciel complète finalement tous les axes de travail d’un chercheur, ce qui nous a valu plusieurs prix de l’innovation pour notre plus grande fierté. L’enregistrement des résultats comme le suivi des processus associés aux déclarations réglementaires sont totalement intégrés. Notre solution dépasse de loin le simple code-barre apposé sur le contenant des produits, l’étiquette est fragile et peut disparaître au fil du temps. L’accès à un ordinateur avec une douchette de lecture de ces fameux codes-barres dans les labos n’est clairement pas pratique. Notre solution logicielle INEON Suite, bien plus récent repose sur la technologie RFID qui offre la possibilité de consulter les contenants au moyen d’une simple tablette, chaque produit étant identifié par une puce. Le chercheur dispose d’un bracelet associé à son badge professionnel pour activer notre logiciel sur la tablette. Ensuite, grâce à la reconnaissance de la puce, notre logiciel permet d’identifier immédiatement le produit et donne accès à l’ensemble des informations associées, les quantités en stock, les commandes éventuelles à venir, etc. Et le chercheur peut facilement indiquer la quantité prélevée via la tablette pour mettre à jour en temps réel le stock. »

 

Cela ouvre-t-il d’autres perspectives ?

- C.P : « L’an dernier, nos développements sur la partie reporting nous ont permis de proposer aussi des fonctionnalités pour mieux gérer et appréhender les dépenses des programmes de recherche. Dans les laboratoires académiques notamment, il n’est pas toujours simple d’y voir clair. Pourtant, les dossiers à monter pour obtenir des subventions européennes exigent ces précisions. Aujourd’hui, les financeurs veulent plus d’informations que de simples estimations. Les tableaux croisés dynamiques généralement utilisés ne permettent pas des analyses poussées. Dans ce domaine aussi nous disposons clairement d’une longueur d’avance significative par rapport à nos concurrents en offrant la possibilité de consulter les données sous forme d’un cockpit d’analyse de tous les paramètres, par fournisseur, par projet, par chercheur, etc. »

 

Quelle est la prochaine étape ?

- C.P : « Enfin, équiper les laboratoires de tablettes ouvre pas mal de possibilités logicielles. Rapidement on va pouvoir mesurer le temps d’exposition aux produits chimiques. Cela correspond précisément aux nouvelles réglementations et aux conseils de l’INRS sur les Valeurs Limites d’Exposition Professionnelle, sachant que dans les labos beaucoup de produits sont classifiés dangereux. Notre prochaine version permettra par exemple de calculer en temps réel la valeur moyenne d’exposition professionnelle. Cela me parait une réelle priorité pour les jeunes chercheurs plus regardants sur leur sécurité. C’est une somme de précautions nécessaires, qui va bien au-delà des badges qui changent de couleur au fur et à mesure des niveaux d’exposition à la radioactivité. Pour les produits dont les classes CMR les référencent comme dangereux il est indispensable de mieux tracer le temps d’exposition de chaque chercheur. L’ouverture d’un flacon de produit qui présente des risques cancérogène, mutagène, ou sur la reproduction exige une traçabilité renforcée. Notre logiciel va permettre de savoir très précisément par qui et combien de temps le flacon a été ouvert. Il convient aussi d’implémenter la partie évaluation du risque, la déclaration unique. C’est la prochaine étape qui me parait aujourd’hui significative et nous entendons relever ce défi pour répondre aux nouvelles exigences et simplifier le quotidien des chercheurs. Ce niveau d’information nous permet aussi d’apprécier à quel point nous répondons à leur attente. Même si leur sécurité est notre principal objectif, les chercheurs passent finalement aussi moins de temps à mettre la main sur les produits dans les laboratoires. »

 

Propos recueillis par Laurence Mauduit