Trois questions à Véronique Trillet-Lenoir, présidente des Rencontres de la Cancérologie Française 2015 (RCFr15)

Quels seront les temps forts de ces Rencontres ?

Cette année, le fil conducteur de notre colloque est « Parcours de soins, parcours de vie en cancérologie ». Nous voulons rassembler des acteurs de santé, évoquer les différents outils de prise en charge et chercher à faire en sorte que le parcours de soins soit un véritable parcours de vie et non plus un parcours de combattant. Notre objectif est de réfléchir à fluidifier le parcours de soins de l’entrée à la sortie de l’hôpital en mobilisant tous les intervenants afin de réussir toutes les modalités de prise en charge, en particulier ambulatoires. Mais pour ce faire, il faut monopoliser non seulement, toute la chaîne des soignants médicaux, pharmaciens, et non médicaux, mais également les patients et leurs proches. Aujourd’hui, le patient s’il a certes accès à de nombreuses informations concernant sa pathologie n’a pas les outils pour s’approprier pleinement son traitement. L’éducation thérapeutique en cancérologie est un enjeu majeur pour la bonne gestion des diagnostics et des traitements des cancers.

Nos échanges vont porter sur une réflexion pour aboutir à des pistes d’optimisation de la coordination et des coopérations entre soignants. Nous aborderons également les compétences nécessaires à l’émergence des nouveaux métiers en cancérologie liés à l’évolution des modes de prise en charge, à la nécessité de réussir le virage ambulatoire et à la disponibilité croissante de nouvelles thérapeutiques. Outre celle des soins actifs, toutes les étapes du parcours de santé seront évoquées : prévention dépistage, mais aussi du retour à la vie sociale et affective, à l’activité physique et sportive, au travail. Nous évoquerons la nécessité de bien former soignants et aidants et d’apporter des outils essentiels au médecin généraliste qui joue un rôle central tout au long du parcours de soins.

Nous avons conçu le programme en partenariat avec les Hospices Civils de Lyon, L’Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, l’Institut National du Cancer, l’Assistance Publique Hôpitaux de Marseille, la Haute Autorité de Santé et l’Agence régionale de Santé d’Ile-de-France qui nous présenteront des initiatives et expériences originales et variées. Le but des RCFr est d’ouvrir le champ des connaissances à tous et de favoriser le partage d’expériences et des savoirs.

Health 2.0 est également partenaire des RCFr. La e-santé contribue-t’elle à l’amélioration du parcours de soins ?

En matière d’innovation, hors de la recherche médicale et scientifique, les nouvelles technologies sont d’un apport indéniable dans l’accès à l’information sur la connaissance des pathologies, l’organisation des services hospitaliers, les médicaments…Applications mobiles, objets connectés, entrent dans le quotidien des patients pour certaines maladies chroniques. En cancérologie, on évoque déjà des tests de dépistages pour certains cancers, et on imagine des capteurs susceptibles de recueillir des biomarqueurs capables de guider l’évolution de la maladie. Comme dans tous domaines de la médecine et de la santé l’apport de ces innovations technologiques suscite enthousiasme mais aussi méfiance. Au cours de ces deux journées de conférences et d’atelier, un plateau TV permettra aux acteurs de Health 2.0 de présenter l’état de l’art en ce qui concerne le suivi des patients (tablettes, call center…), mais aussi tout ce qui permet de mieux organiser les activités  des professionnels de santé ( outils digitaux par exemple), ou encore de favoriser des économies de santé grâce à un écosystème pertinent et partagé. La formation du patient pour devenir acteur de sa santé passera de plus en plus par différents outils, apportant une aide à la mise en place de l’éducation thérapeutique.

Deux ateliers sont consacrés l’un au rôle des infirmiers et l’autre à celui des pharmaciens dans le parcours de soins : Est-ce une seulement une reconnaissance de l’importance de leurs métiers ou une prise de conscience de la nécessaire évolution de leurs compétences ?

Le nouveau positionnement des infirmiers, notamment la possibilité de leur déléguer de nouvelles missions ou nouvelles tâches ne fait toujours l’objet de protocoles d’expérimentations menés par la Haute Autorité de Santé et se déploie lentement dans les établissements de santé. Le rapport d’étape du Plan Cancer 3 publié en février 2015 souligne que les infirmier(e)s de coordination en cancérologie (IDEC), mis en place en 2010 à titre expérimental dans 35 établissements de santé dans le cadre du Plan cancer 2009-2013, ont été des relais nécessaires pour assurer la coordination entre les soignants et l’interface entre les professionnels et les patients. Ces soignants aux compétences techniques et de qualité d’écoute interviennent de l’annonce du diagnostic à l’après cancer. Dans l’avenir, des infirmier(e)s clinicien(ne)s ou de pratiques avancées, de niveau Master, seront chargé(e)s de missions nouvelles justifiant le qualificatif de « nouveau métier ».

Les pharmaciens sont les relais du médecin de ville et de l’hôpital lors de la prise en charge ambulatoire. Leur rôle est particulièrement déterminant dans le maintien de l’observance, la gestion et le suivi des chimiothérapies orales, l’éducation thérapeutique. Les rencontres sont un carrefour d’échanges unique entre les tous les acteurs de santé, les patients et les associations qui les représentent. Il est essentiel qu’on y donne la parole à tous ceux qui mènent des actions innovantes et originales en matière de parcours de vie des patients porteurs d'un cancer.