Virage professionnel amorcé pour les pharmaciens

Lundi, 7 Février, 2022 - 10:30

Dans cette longue attente de la vie d’après Covid, tout laisse présager que rien ne sera plus jamais comme avant. Un impact direct sur l’avenir d’un métier dont les nouvelles missions de santé imposent un élargissement rapide des compétences. En officine, les pharmaciens sont déjà passés aux travaux pratiques : 13 millions de vaccinations Covid, 4,4 millions de vaccinations contre la grippe et 73 millions de tests ont déjà été réalisés depuis le début de l’épidémie.

Ces évolutions au cœur des négociations avec l’assurance-maladie devraient aboutir à une nouvelle convention pharmaceutique attendue dès ce mois de février 2022. Cet accord de la profession avec les pouvoirs publics doit d’abord marquer le tournant de la prévention. « L’officine doit être un lieu où l’on pratique le dépistage, la vaccination, l’éducation à la santé, la distribution de matériel de protection, » résume Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. L’axe fort de cette transformation du métier passe par l’ouverture de la vaccination en officine pour tous les vaccins. Une avancée majeure impulsée par la Haute autorité de santé qui vient tout juste de publier une recommandation favorable à l’extension des compétences vaccinales des pharmaciens, mais aussi des sages-femmes et des infirmiers « afin de leur permettre de prescrire et d’administrer l’ensemble des vaccins “non vivants” aux adultes et adolescents à partir de 16 ans et plus, sous réserve de la formation de ces professionnels, de locaux adaptés le cas échéant, et de la garantie d’une traçabilité des vaccins réalisés. »

Feu vert de la Has pour l’élargissement des compétences vaccinales

En s’appuyant sur les acquis de la crise Covid pendant laquelle la montée en puissance de la campagne de vaccination est largement imputable à l’élargissement des compétences vaccinales à de nombreux professionnels de santé, les pharmaciens se retrouvent aujourd’hui en première ligne pour vacciner contre la Diphtérie-Tétanos-Coqueluche-Poliomyélite ; Papillomavirus humains ; Pneumocoque ; Hépatite B ; Hépatite A ; Méningocoques A, C, W, Y ; Grippe. Finalement seuls les vaccins contre le méningocoque B et la rage, dont les indications sont rares chez l’adulte n’entrent pas dans ce nouveau champ de compétences. A noter aussi que cette extension ne concerne pas les personnes immunodéprimées, dont les schémas vaccinaux peuvent être spécifiques et complexes.

En donnant carte blanche aux pharmaciens, la Has exige néanmoins la réalisation effective d’une formation adaptée telle que proposée par la Commission technique des vaccinations (CTV) et le renforcement de la traçabilité de la vaccination, notamment grâce à des outils numériques.

Le covid accélère le mouvement

L’organisation rapide de ces formations et le déploiement de nouveaux outils de suivi n’inquiètent pas la profession spontanément intégrée dans la chaîne de soins primaires. Une transformation du métier amorcée dès 2009 avec une première mission de santé publique confiée à la profession qui a basculé d’un métier de commerce à un métier de santé dans la première convention pharmaceutique en 2012. La crise Covid restera un marqueur dans l’évolution de ce métier appelé aujourd’hui à se transformer. Depuis le début de l’épidémie, les pharmaciens ont effectué 13 millions de vaccinations Covid, 4,4 millions de vaccinations contre la grippe et 73 millions de tests !

Laurence Mauduit