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Produits de santé : Quid du recyclage des emballages ?

Jeudi, 21 Mars, 2024 - 10:00

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Garant de la stabilité du médicament, l’emballage répond à de nombreux enjeux en termes de traçabilité, de sécurité et d’observance des traitements. À l’heure où il va falloir tourner la page du blister, les emballages « made in France » cartonnent, la parapharmacie tente la vente en vrac et les notices pourraient se transformer en QR code…

Carton, vert, plastique : la France caracole dans le peloton de tête mondial des pays producteurs d’emballage avec un chiffre d’affaires qui dépasse les 20 milliards d’euros et emploie dans l’hexagone plus de 100 000 personnes, soit 3,5 % des postes de l’industrie manufacturière. Un secteur phare, comparable à l’industrie du médicament en ville qui représente près d’une fois et demie celui de la cosmétique. Cette industrie regroupe aussi les fabricants d’accessoires d’emballages : producteurs de rubans, agrafes, colles, équipements ou imprimeurs de notices ou d’étiquettes. Cet monde de la mise en boîte enregistre un chiffre d’affaires au-delà de 350 milliards d’euros au sein de l’Union européenne va pourtant devoir rapidement s’adapter pour répondre aux contraintes environnementales auxquelles l’univers de la santé ne va pas échapper.

Le réemploi, c’est pour demain

Les premiers objectifs sont connus : réemploi de 10 % des emballages plastiques à usage unique à partir de l’an prochain. Des emballages dont la fin de vie est même programmée pour 2040. Alors, les filières de recyclage opérationnel se déploient pour traiter les flacons, tubes solides, tubes de crème, sprays et sachets dont les contenants pèsent tout de même plus de 35 000 tonnes parmi nos 80 000 tonnes de déchets ménagers chaque année. En ligne de mire : le blister en PVC qui représente à lui seul 50 % du gisement plastique déclaré. Problème, il concentre à lui seul toutes les difficultés de recyclabilité. Un amalgame de 43 % d’éthylène, au prix compétitif dont la résine malléable s’adapte à toutes les formes et dimensions de gélules et comprimés. Mais ce PVC fait aussi équipe avec de multiples couches d’aluminium pour assurer l’intégrité et la conservation du médicament. Ce mélange de matières est le cœur du problème et aucune filière n’est aujourd’hui en mesure d’en proposer le recyclage au niveau national.

Parapharmacie : Le vrac en expérimentation l’officine

À l’heure où les flacons, tubes, sachets et sprays font l’objet de toutes les attentions, le consortium Pharma-Recharge lance le vrac en officine. L’expérimentation a timidement démarré depuis six mois avec quelques produits d’hygiène dans quelques pharmacies parisiennes qui écoulent, en moyenne, 150 flacons réutilisables par mois. Une première initiative des laboratoires Expanscience, Garancia, La Rosée, Bioderma et Pierre Fabre : cinq laboratoires réunis au sein du consortium Pharma-Recharge, en vue de s’atteler, ensemble, à la diminution de l’impact environnemental des emballages dans les cosmétiques. Ils proposent une quinzaine de références de produits d’hygiène — gels et huiles de douche, shampooings et après-shampooings, eaux nettoyantes et démaquillantes en libre-service, sur un chic meuble en bois clair. Ici, pas de film en plastique, ni de coffret en carton. Ceux-ci ont cédé la place à des flacons en verre réutilisables, d’un modèle standard de 500 ml, et à des étiquettes autocollantes (détaillant les ingrédients et autres dates de péremption) que le consommateur positionne lui-même sur le contenant. Une offre de produits cosmétiques qui permet aussi de tester l’appétence et le niveau d’acceptabilité des consommateurs pour ces ventes en libre-service des produits d’hygiène.

Vers un bon usage du QR code ?

Une expérience qui ne sera naturellement pas reproductible pour les médicaments et dispositifs médicaux qui dans un premier temps font plutôt l’objet d’études approfondies sur la taille des boites. Au-delà des contenants, l’impact environnemental des notices qui résument les informations essentielles sur les produits et leur bon usage, reste une question à part entière. L’ANSM va s’y atteler cette année. Une expérimentation visant à remplacer les notices de médicaments par des QR code va être lancée en 2024. L’objectif, à terme, est d’envisager la suppression du support papier pour ces documents. Un QR code va être ajouté sur certaines boîtes de médicaments dès cette année. Un panel de médicaments, dans lequel figurent des molécules grand public de type paracétamol ou ibuprofène, des médicaments sur prescription assez répandus comme les antibiotiques, mais aussi des médicaments contre des maladies chroniques notamment le cancer. Ce test, encadré par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) et la Direction générale de la santé, devrait être mené auprès du grand public sur des médicaments vendus en pharmacie, mais également à l’hôpital selon des modalités différentes. Une initiative annoncée par le précédent gouvernement en fin d’année dernière qui n’a pas encore fait de preuve de concept, sur l’accès et le renfort de la lisibilité des informations à communiquer aux patients.

 

Laurence Mauduit

Crédit photo : Adobe Firefly (image générée par IA)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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