TBS Education: Former et anticiper les attentes du marché

Comment évoluent vos formations pour préparer les futurs managers des industries de la santé ?

Françoise Le Deist : « Nous adaptons effectivement nos programmes, car nous observons à la fois une évolution des métiers et une accélération de la mobilité aujourd’hui dans les entreprises y compris de santé. Il y a une volonté d’évoluer vers différents nouveaux métiers, au sein de grands groupes, mais aussi de nombreuses startups qui se développent autour des biomédicaments, des applications E-santé, de l’Intelligence artificielle. Nos étudiants ne s’engagent plus dans notre mastère spécialisé uniquement pour devenir chef de produit dans un grand laboratoire. Ils recherchent désormais à rejoindre un métier qui aura du sens pour eux, dans lequel ils trouveront un certain épanouissement et dans une fonction qui leur permettra d’évoluer. Les nouvelles générations attachent moins d’importance à l’appartenance à un grand groupe ou à une entreprise disposant d’une forte notoriété. Dans un contexte de plus grande tension du marché du travail, les entreprises doivent nécessairement évoluer pour maintenir, voire développer leur attractivité sur le marché de l’emploi. »
 

Comment les entreprises doivent-elles s’adapter ?

F.L-D : « Ces nouvelles attentes invitent les entreprises à proposer une organisation du travail plus flexible et une meilleure qualité de vie au travail. Parmi les grandes tendances que nous observons, nous savons que les jeunes recherchent plus d’autonomie au sein des organisations. Ils recherchent en particulier plus de télétravail et la crise du Covid a irrémédiablement accéléré ce phénomène. Cela me parait devenir une condition indispensable pour recruter, mais aussi pour fidéliser le personnel. Le besoin de sécurité des générations précédentes disparait et rejoindre une grande entreprise pour y faire carrière ne fait plus partie des souhaits exprimés par les jeunes aujourd’hui. Ils attachent plus d’importance aux valeurs partagées et à défendre ensemble, y compris dans l’univers de la responsabilité sociale. Ce positionnement prédominant et la recherche d’un nouvel équilibre entre vie professionnelle et vie privée participent à l’équation au moment des recrutements. »
 

Cette formation facilite-t-elle les recrutements ?

F.L-D : « Notre mastère manager, marketing, communication des industries de santé et des biotechnologies facilite en effet les recrutements puisque 95 % de nos étudiants sont rembauchés dans les 4 mois à l’issue de cette formation. Ce succès nous a conduit à doubler les promotions dans cette filière où nous accueillons aujourd’hui 70 étudiants dont l’intégralité des frais de formation est financée par les entreprises à travers le contrat de professionnalisation et par l’État grâce au contrat d’apprentissage ouvert aux Mastères spécialisés depuis deux ans. À partir de 2024, nous avons aussi l’ambition d’ouvrir dans le cadre de ce mastère une troisième filière internationale en anglais, afin de répondre à la demande et aux attentes des entreprises du secteur. »

Et comment évolue votre Mastère manager des structures sanitaires et sociales ?

F.L-D : « Notre Mastère spécialisé manager des structures sanitaires et sociales arrive toujours en tête du classement Eduniversal 2023 dans sa catégorie et nous en sommes à la fois ravis et fiers ! Nous essayons de nous adapter en permanence à l’évolution des métiers en proposant de nouveaux thèmes, en faisant évoluer notre pédagogie, en renouvelant les intervenants pour répondre aux besoins et correspondre à la réalité du terrain de l’ensemble des établissements. Nous renforçons par exemple la formation autour du digital et du développement de la e-santé dans les établissements de santé. Nous développons aussi plus d’enseignements autour de la qualité des soins, de l’optimisation de la prise en charge et de la coordination du parcours de soins. Ces évolutions concernent aussi le développement de la vie sociale dans les établissements de santé et plus particulièrement dans les Ehpad confrontés ces dernières années à de fortes turbulences en matière de qualité de prise en charge de leurs résidents.
 

Comment développez-vous vos programmes de formation ?

F.L-D : “Les évolutions du secteur font aussi apparaitre de nouveaux métiers comme celui d’infirmière de pratiques avancées ou encore d’ASH référente. Ces nouveaux métiers sont en partie liés à la pénurie des professionnels de santé qui oblige à repenser l’organisation du travail et une nouvelle répartition des tâches. Ce secteur connait en effet depuis quelques années un désintérêt et un désengagement croissants qui nécessitent d’opérer des évolutions et de trouver de nouveaux leviers d’attractivité et de fidélisation. Ce sont des sujets et des thèmes que nous travaillons beaucoup avec nos étudiants et nous développons chaque année divers projets en lien avec la motivation, les conditions de travail, la QVT, les innovations managériales… Les dirigeants de demain devront en effet être en capacité d’accompagner au mieux les changements en cours et à venir en matière de management de leurs Ressources humaines et de gestion de leurs établissements de santé.”

Laurence Mauduit