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Focus
Transports plus verts : où sont les priorités ?
Mercredi, 3 Avril, 2024 - 09:00
Rêvé plus rapide, plus respectueux de l’environnement, mais surtout moins cher, le transport des produits de santé est aussi l’une des solutions pour réduire les pénuries de médicaments qui ont bondi de 30 % l’an dernier. Les exigences environnementales qui s’empilent permettront-elles de renouer avec l’efficience espérée ? Sommes-nous sur la bonne voie pour réaliser aussi les économies escomptées ?
Le transport des produits pharmaceutiques pose aussi la question de la logistique du dernier kilomètre. Sur la base d’une estimation de 300 millions de kilomètres parcourus par an au niveau national, la livraison d’une officine générait en moyenne quatre tonnes de CO2 par an. Certains experts n’hésitent plus à pointer du doigt l’officine comme le commerce le plus carboné. Résultats, dépositaires et laboratoires qui n’entendent pas réduire le nombre de livraisons, notamment pour éviter les pénuries tant décriées, cherchent aujourd’hui à investir dans des véhicules plus propres ou à mutualiser davantage les commandes de médicaments. Car le rythme de ces rotations ne semble pas pouvoir être réduit. Selon une étude européenne, un pharmacien passe en moyenne six heures par semaine à chercher des médicaments qu’il n’a pas en rayon. Cela représenterait jusqu’à 600 pharmaciens à temps plein en France indisponibles pour assurer le suivi des patients sur l’année.
Empreinte carbone et malus
Ce temps de recherche pour assurer les approvisionnements et, surtout, la mise à disposition des produits aux patients imposent des rotations qui pénalisent le secteur au moment de dresser un bilan de l’empreinte carbone de la fourniture des médicaments aux pharmacies par région et par métropole. Dans ce contexte, de nouvelles exigences environnementales peuvent-elles conduire à réduire les livraisons quotidiennes aux pharmacies ? Le parlement doit créer, dès cette année, un malus sur la marge de gros en fonction de l’empreinte carbone de la livraison. Ce malus, qui inciterait les vendeurs à mutualiser les expéditions, serait à vrai dire la première disposition environnementale imposée à la Sécurité sociale. L’idée fait son chemin, puisque la protection de l’environnement devient, aujourd’hui, un levier supplémentaire à actionner pour réduire les dépenses de l’Assurance maladie. Cependant, on assiste aujourd’hui à un mélange des genres. Si les transports restent effectivement une source d’économies pour les pouvoirs publics, le gisement le plus important correspond davantage aux transports des patients.
Et si la recherche du bon traitement restait la priorité
Le transport sanitaire fait effectivement l’objet de toutes les attentions cette année. À titre de comparaison, le financement de la biologie médicale qui pesait 4,6 milliards en 2023 reste bien inférieur à celui du transport sanitaire. En France, on dépense donc plus pour transporter les patients à l’hôpital que pour diagnostiquer et leur donner le bon traitement. Un constat qui fait réfléchir au moment d’engager une vaste réforme sur le financement futur de notre système de santé.
Laurence Mauduit
Crédit photo : Adobe Firefly (image générée par IA)