Trois questions à Véronique Trillet-Lenoir, présidente des Rencontres de la cancérologie française (RCFr14)

Quelle est votre feuille de route pour cette nouvelle édition des RCFr 2014 ?

Cette année nous avons un double fil conducteur pour un congrès qui s’inscrit dans la Stratégie nationale de santé et la mise en œuvre du Plan Cancer 3. L’objectif de ces rencontres est de réunir toute la communauté cancérologique pour échanger des savoirs, faire le point sur les avancées des nouvelles techniques, donner des pistes pour une meilleure prise en charge des cancers, être force de propositions en matière de prévention.
Les enjeux de la cancérologie sont médicaux, médicaux-sociaux, scientifiques mais également économiques, le cancer doit aujourd’hui « être un modèle dans l’organisation du système de santé ». Toutes les conférences, sessions et ateliers seront traités sous cet angle.
Les modalités de prise en charge par les établissements de santé, la médecine ambulatoire, la coordination hôpital médecine de ville, la prise en charge médicamenteuse, feront l’objet des thématiques spécifiques. Les avancées des techniques scientifiques et leur impact sur l’évolution des pratiques seront également à l’honneur.
Une large place sera aussi consacrée à la recherche infirmière en oncologie et au rôle des infirmiers dans le parcours de soins.
Infirmier clinicien est un métier qui existe déjà dans les pays anglo-saxons mais peine encore à voir le jour en France autant pour des raisons médico-économiques qu’à cause de freins sur la nature de la délégation de soins. Par ailleurs, nous comptons sur une forte mobilisation des pharmaciens tant hospitaliers que pharmaciens de ville qui ont un rôle essentiel à tenir en matière d’information et d’éducation thérapeutique avec l’avènement des nouveaux traitements de chimiothérapie à domicile. Le rôle des généralistes ne sera pas non plus oublié puisque de nombreux confrères interviendront au côté des spécialistes.

Peut-on parler de parcours communs entre cancers et maladies chroniques ?

Maintenant les patients atteints de cancers sont considérés comme des porteurs de maladies chroniques. L’allongement de la durée de vie et l’évolution de leurs traitements vers des formes ambulatoires bousculent les modalités de prise en charge.
C’est le sujet de notre séance inaugurale « Regards Croisés : cancers et maladies chroniques » qui sera précédée d’un débat entre les Professeurs Agnès Buzyn, présidente de l’Inca et Jean-Luc Harousseau, président du collège de la HAS. Y interviendront par exemple un généraliste, un neurologue, un anesthésiste-réanimateur.
Les progrès en cancérologie sont considérables en matière de prise en charge de la maladie, d’autres pathologies s’en inspirent. Mais la cancérologie aussi doit avancer en tirant l’inspiration d’autres pathologies chroniques graves comme la cardiologie, très en avance dans l’organisation des soins.
L’objectif de cette séance plénière est de permettre aux soignants et à l’ensemble des acteurs de la communauté du cancer d’échanger leurs expériences avec d’autres spécialistes.

À l’heure du Plan Cancer 3, quel est bilan de 10 années de Plans Cancer ?

En amont du Congrès nous avons procédé à un sondage sur le ressenti des participants face aux recommandations des plans notamment concernant le dispositif d’annonce de la maladie ou la coordination ville/hôpital. Les résultats de ce sondage effectué auprès des professionnels de santé, des industriels du médicament, des ARS, des patients et des citoyens seront dévoilés lors de la session animée par les Professeurs Jean-Paul Vernant et Franck Chauvin.
Sans aucun doute, on peut déjà affirmer que ce bilan est positif, la communauté de la cancérologie est bien en ordre de marche. Nous évoquerons l’évolution possible des Réunions de Concertation Pluridisciplinaires. Nous attendons aussi le rapport du Haut Comité de Santé Publique sur l’évaluation du Plan Cancer 3 qui devrait être présenté dans les suites de notre congrès.
C’est une véritable rétrospective de ces avancées que nous présentera le Pr. Henri Pujol ancien président le la Ligue contre le Cancer qui fut à l’origine des premiers états généraux du cancer. À ses côtés, le Dr Bernard Kouchner rappellera le long chemin parcouru pour la mise en place de la « Démocratie sanitaire ». Donner la parole aux patients dans les congrès jusqu’alors réservés aux professionnels de santé est une démarche initiée depuis la création des RCFr. Des sessions plénières seront consacrées à la place des associations de patients dans la démocratie sanitaire et à l’évolution de la décision partagée entre professionnels et patients.