GPS Guide Pharma Santé

Publicité

Vous êtes ici

Focus

Vers un iatrogéniegate

Lundi, 16 Avril, 2018 - 19:00

Partager

Les médicaments soulagent, guérissent, prolongent la vie. Mais en s’éloignant de leur bon usage, cette chance d’en disposer peut se transformer en cauchemar. Après trois ans d'actions, le collectif de Bon usage du médicament montre la motivation des séniors et intensifie la lutte contre la iatrogénie. Retour sur une campagne qui a fait mouche.

illustration_focus_nl09052018Après trois ans d'actions, le collectif de bon usage du médicament entend intensifier la lutte contre la iatrogénie médicamenteuse et les accidents liés à ce produit de santé. Chaque année, plus de 10 000 décès, 130 000 hospitalisations et près de 1,3 million de journées d’hospitalisations ont pour origine un mauvais usage du médicament. Une bataille à livrer sans relâche, en particulier chez les personnes âgées, dans les années qui viennent, comme le précise la stratégie nationale de santé 2018-2022. La iatrogénie augmenterait bel et bien avec l’âge. Les personnes âgées souffrent souvent de plusieurs maladies chroniques et prennent donc quotidiennement plusieurs médicaments. Cette polymédication s’accompagne d’un risque accru de prescriptions inappropriées, d’interactions entre les médicaments et d’effets indésirables.

Apprendre à faire bon ménage avec ses médocs

Avec l’âge, des modifications physiologiques d’organes comme le foie et les reins peuvent aussi perturber l’élimination des médicaments, tandis que la diminution des capacités cognitives rend plus difficile le suivi de traitements complexes. Résultat : le Collectif de bon usage du médicament pointe aujourd’hui du doigt ces 53,5% de patients de plus de 75 ans chez lesquels l’utilisation de médicaments inappropriés semble avérée. Des séniors particulièrement à l’écoute. La campagne de communication vers le grand public, relayée en 2016 par la Mutualité Française et l’ADMR, intitulée  "Les médicaments sont là pour vous aider, mais... ils ont parfois du mal à vivre ensemble" semble avoir atteint son objectif. Les séniors témoignent depuis leur volonté de changer les comportements.

D’abord, 80 % d’entre eux ont trouvé la campagne intéressante, 65 % l’ont jugé utile, 62 % ont conservé le guide « bon usage » et les 2/3 disent avoir l’intention d’en parler à leur médecin traitant ou à leur pharmacien.

Ce « Collectif du bon usage du médicament » qui réunit 18 partenaires* actifs propose de faire de la journée du 22 mars, le rendez-vous annuel de mobilisation autour du Bon usage des médicaments. Pour marquer ce pas, un congrès est d’ores et déjà en préparation pour 2019.  L’objectif sera de réunir, d’impliquer dans une dynamique de partage des bonnes pratiques et d’innovation, l’ensemble des acteurs concernés par le bon usage. Au moment où l’aventure de la prévention prend un second souffle, la bonne observance des traitements revient au premier plan.

Laurence Mauduit

Les 10 préconisations du Collectif bon usage du médicament :

1. Fixer un objectif de réduction des décès et des hospitalisations dus au mauvais usage du médicament, à 5 ans


2. Créer un Observatoire du bon usage du médicament


3. Renforcer la formation de tous les professionnels de santé au bon usage du médicament


4. Encourager la coopération médecins-pharmaciens au travers du Développement Professionnel Continu


5. Sensibiliser les jeunes et les salariés au bon usage du médicament via le Service Sanitaire


6. Relancer les campagnes d’information grand public sur le bon usage, portées par les autorités de santé


7. Généraliser dans les logiciels d’aide à la prescription, la détection des interactions médicamenteuses provenant de multi-prescriptions


8. Accélérer, via le DMP (Dossier Médical Partagé), la mise à disposition des outils de partage des données patients entre professionnels de santé et œuvrer à leur bonne utilisation


9. Rendre inter opérables les messageries sécurisées entre professionnels de santé (ville / hôpital)


10. Mettre en place un numéro vert à destination des médecins et pharmaciens pour leur permettre de contacter un référent médicament dans les situations complexes

 

*Le « Collectif du bon usage du médicament » : 18 partenaires actifs
• Représentants des pharmaciens : FSPF, USPO, UTIP Association, Le Collectif, CN URPS PL
• Représentants des médecins : SFGG, CNPG, CSMF
• Ordre National des Infirmiers
• Ordre National des Masseurs Kinésithérapeutes
• Les entreprises du médicament : LEEM, Teva
• Institutions de prévoyance : Klesia et Malakoff Médéric 
• Gestionnaires d’EHPAD, de Cliniques et d’HAD  : Korian
• Services et soins à la personne (Centres de santé, EHPAD, services infirmiers à domicile) : ADMR
• Editeurs de données et de logiciels : Vidal et CompuGroup

Tous les focus